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     C'est Yann, mon neveu, et voici la video de sa formation de berger .

    Voici le lien pour la voir ou la revoir sur Youtube :

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    Pyrénées, à l'école des bergers

    19 août 2006 à 21.35 
    360° - Le reportage Géo - Making of

     

    Un documentaire français réalisé par Myriam Tonelotto en 2005. A vingt-quatre ans, Yann Amouret veut devenir berger. Mais dans les Pyrénées, prendre soin d'un troupeau de brebis ne s'improvise pas : il faut être tout à la fois botaniste, vétérinaire, météorologue et maître-chien.

    Prochaines diffusions
    Dimanche 20 août 2006 - Arte 14h55
    Samedi 26 août 2006 - Arte 12h55

     

    Dans les Pyrénées, un berger transmet à un apprenti l'art de prendre soin d'un troupeau de brebis dans les estives.

     

    Aller là où l'herbe est plus verte. Là où la rumeur de la vie en société s'estompe pour laisser place au vent et au tintement des sonnailles. Devenir berger : à 24 ans, Yann Amouret veut embrasser cette vie rythmée par l'humeur des bêtes et les caprices du temps. Yves Renaud, maître berger dans les Pyrénées, sera son guide le temps d'un été. Fin mai, les deux hommes se voient confier quelque mille trois cents brebis pour les mener sur l'estive. Cinq mois durant, Yves et son apprenti veilleront dès 5 heures du matin à mener le troupeau là où l'herbe est tendre, ou au contraire là où les broussailles menacent d'envahir la montagne. Botaniste mais aussi vétérinaire, météorologue, maître-chien : Yann découvre ce qu'être berger veut dire. Il est seul, seul à soigner, seul à décider, seul à rendre des comptes à la fin de l'été. Seul pour mieux goûter au plaisir des retrouvailles, l'automne venu.

    Je suis un gardeur de troupeau, mon troupeau ce sont mes pensées, je pense avec les yeux et les oreilles”, écrivait Fernando Pessoa. C’est donc en bergère, avec pour troupeau mes innombrables cassettes que j’ai choisi d’aborder ce film. Berger versus réalisateur, petit making-of à saute-moutons.

    Première surprise en préparant ce tournage: contrairement aux idées reçues qui renvoient les pâtres à un statut aussi mythique que flou, le berger français est le plus souvent un travailleur salarié: embauché chaque année pour la durée de l’estive, de juin à octobre environs. D’une année sur l’autre, rien ne vient garantir le renouvellement de son contrat, seules interviennent la satisfaction des éleveurs ou de la commune qui l’ont embauché l’année précédente. Le berger français est en sommes un intermittent du pinacle... filmé par des d’intermittents du spectacle!

    Yves Renaud, le maître berger au coeur de notre film, doit rendre des comptes à 17 éleveurs différents: 13 moutonniers, 3 chevriers et un bouvier. Autant de personnes qui tout au long de l’estive demandent à voir comment se porte le troupeau confié à la bonne gestion du berger. Pour ce GEO, je me suis amusée à compter le nombre de personnes à qui je devais rendre compte de l’avancée du film: chargés de programmes des différentes chaînes (arte, WDR et Geo-TV), société de production, et personnes filmées: 17 aussi! Comme dit toujours Yves: “il faut être diplomate”!

    Entre les visites des éleveurs, berger est un métier solitaire. Deux compagnons toutefois entourent le pâtre sur l’estive: un chien de travail, chargé de donner au troupeau la direction souhaitée par le berger, et un chien de protection, élevé pour défendre le troupeau contre les prédateurs. Les compagnons d’Yves s’appellent Sam et Violette. Ceux de Yann, notre apprenti-pastoureau, Ulout et Meina. Les miens, ce sont Didier, le cameraman, et Marc, l’ingénieur du son! A cette différence près que Didier et Marc s’assurent concomitamment que les images et les sons enregistrés soient bien conformes à ma direction, et qu’aucun plaisantin ne viennent troubler le tournage en criant en pleine prise “c’est pour France 3? ”

    Le jour de la transhumance, Yves et Yann ont marché sous la pluie de 5 heures du matin jusqu’à treize heures: 40 kilomètres, sur 1300 mètres de dénivelé. “Une paille!”, dixit Yves. Car chaque jour, sur l’estive, les 2 bergers avalent quelques 2000 mètres de dénivelé10 heures durant, ils montent, descendent, remontent, redescendent. Mener les brebis là où l’herbe semble plus verte n’a rien d’une promenade. Lors de la transhumance, nous avons nous passé notre temps à prendre de l’avance sur le troupeau, filmer, redépasser le troupeau, filmer... le tout en dégringolant de notre 4x4.

    On avait l’air malins avec ce Cherokee de location, mais on se voyait mal faire les 40 km à pied avec 100 kilos de matériel... Une fois sur l’estive, plus de 4x4... Heureusement, Canabis, l’âne de portage de Jacques, le chevrier, portait les housses de notre matériel et le pied de caméra entre les prises, sans oublier notre barda... Ceci étant, Didier a quand même porté sans cesse sa caméra (14 kg), Marc, son équipement son (14 kg aussi).

    Le lendemain de la transhumance, puis une fois par mois durant l’estive, Yves compte les bêtes de son troupeau: il s’agit de vérifier qu’aucune ne s’est égarée ou n’est tombée malade. Certaines brebis montent pour mourir de vieillesse au grand air: paix à leurs âmes. D’autres tomberont dans l’un des innombrables gouffres du Pic du Cagire ou se feront croquer par un renard, un ours ou un chien errant. Il y a aussi les catastrophes imprévisibles: une année, Yves a perdu 150 brebis en une seule nuit: foudroyées. En dehors de ces cas extrêmes, Yves estime que 3% de brebis mortes est un pourcentage de pertes honorable. Nous avons tourné nous 29 heures de rushes pour 52 minutes de montées. Soit 3% d’images et de son finalement exploités... Mais c’est là aussi un pourcentage raisonnable dans notre profession.

    Le troupeau confié à un berger représente une valeur financière considérable. Le mot “cheptel” s’apparente d’ailleurs au terme “capital”, au sens pécuniaire du terme. Chaque brebis vaut au minimum 120 euros, et Yves en garde 1350: 162 000 euros! Le prix moyen d’un documentaire... GEO étant un reportage, notre film a coûte moins: contrairement à un documentaire, un reportage exige peu de travail d’écriture en terme de réalisation, et les temps accordés à la post-production (montage, mixage) sont de moitié inférieurs à ceux qu’exige un documentaire de création. Cela n’empêche pas un reportage d’être intéressant ou soigné, ce n’est simplement pas le même type de programme. Yves tient beaucoup à ce qu’on n’appelle pas “mouton” (qui désigne le mâle castré) leurs “brebis” (les femelles mais aussi l’animal en général). Nous, on aime à ce qu’on ne confonde pas “reportage” et “documentaire”!

    Enfin, bergers et réalisateurs ont un ennemi commun: la mondialisation financière. Pour les bergers des Pyrénées, cette mondialisation a la silhouette épaisse... des agneaux néo-zélandais (que Yves trouve très bons, par ailleurs!). En effet, contrairement aux sveltes brebis du Cagire, seules capables de gambader sur les flancs escarpés des Pyrénées, les plantureuses brebis néo-zélandaises sont avant tout élevées pour leur laine. Leur viande n’est donc qu’un “sous-produit”, écoulé sur les marchés européens à 3 euros du kilo, contre 6 euros pour gigot pyrénéen... Or le prix de la viande d’agneau en France n’a pas augmenté depuis 25 ans. Difficile dans ce contexte d’exiger des éleveurs et des bergers qu’ils se montrent indulgents vis-à-vis du surcroît de travail que représente la réintroduction de l’ours ou l’arrivée du loup dans les Alpes. Mais comme le dit très justement Francis Chevillon, berger philosophe interviewé dans notre film, si les bergers ou les éleveurs déclaraient: “nous n’arrivons plus à joindre les deux bouts, la concurrence avec l’agneau néo-zélandais nous écrase”, aucune équipe de télévision ne viendrait les filmer. En revanche, que l’on hurle au loup ou à l’ours, et la presse débarque illico... En télévision, la mondialisation financière porte un nom menaçant: le formatage. Là où le berger affronte un consommateur exigeant des prix cassés, le monde de l’audiovisuel fait face à des spectateurs qui réclameraient, nous dit-on, de l’ ”easy-watching”: interviews ultra-courtes, pas de termes compliqués, une idée par film pas plus... bref, le prototype des reportages américains (qui peuvent s’avérer très instructifs aussi, par ailleurs). Bien sûr, quand les réalisateurs dénoncent l’uniformisation de la télé, personne ne les entend. Du coup, ils crient au démantèlement du régime intermittent!

    Heureusement, un petit village résiste encore et toujours à l’envahisseur: bienvenus chez arte! Heureusement aussi, une association de bergers forme dans les Pyrénées bien plus que des pâtres: des jeunes femmes et des jeunes hommes qui posent un regard lucide, subversif sur la société, et s’engagent corps et âme pour un autre monde, loin du productivisme et des diktats de consommation. Des jeunes-gens qui ont décidé de coloniser les marges de la société, sans être pour autant des marginaux. Des citoyens calmes et passionnés à la fois, comme Yann: bienvenus à la Formation des Pâtres de Haute Montagne!

    Et puisqu’en France tout se finit toujours par un banquet, un dernier parallèle: quand Yves ou Francis redescendent les brebis à l’automne pour le “démountagnage”, ils organisent avec leurs éleveurs un grand repas. Nous, on appelle ça un repas de fin de tournage. Ou de fin de making off!

    Voilà, vous pouvez retourner à vos moutons ! 
    Myriam Tonelotto, réalisatrice

    Source: Arte 

    19 août 2006 à 21.35
    360° - le reportage GÉO
    Pyrénées, à l’école des bergers
    Réalisation : Myriam Tonelotto
    (France, 2005, 52mn)
    Coproduction : ARTE, Medienkontor, GÉO
    ARTE G.E.I.E.
    Présenté par Sandrine Mörch
    (Rediffusion du 17 décembre 2005)
    Multidiffusion le 20 août à 14.55 et le 26 août à 12.55

     

     


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